UNE FAC DE NICE PORTE SON NOM : Qui était Auguste Carlone ?

Auguste Carlone, dont le campus de la faculté de Lettres, Art et Sciences humaines à Nice porte le nom depuis 1965, est, non seulement le créateur de journaux niçois mais aussi l’un des artisans actifs du rattachement de Nice à la France en 1860.

Pierre-François-Augustin-Théophile Carlone naît le 11 octobre 1812 dans la maison paternelle du quartier Sobborgo. Sa famille fait partie des notables grâce à la banque « Etienne Carlone et compagnie » créée par son père. L’éducation d’Auguste Carlone fut entièrement française. A neuf ans, le petit Augustin est pensionnaire au Petit Séminaire de Vence, il fait ensuite ses études au collège de Tournon ou il passe un Bac en lettres avant d’étudier le droit à Paris. Peu motivé, il abandonne ses études en 1832 et revient à Nice ou il se partage entre la banque familiale et de fréquents voyages en Italie. A la mort de son père, en 1847, il laisse les rênes de la banque a son cousin pour se lancer dans le journalisme avec l’ambition de s’engager en politique.

Les morts de l’annexion

Avec un groupe d’amis, le 16 janvier 1848 il créé l’Echo des Alpes-Maritimes, journal niçois rédigé en langue française destiné à défendre les intérêts du Comté et entre autres, sa lutte pour le rattachement de Nice a la France. Malgré ou peut-être grâce aux attaques acerbes du journal envers le pouvoir sarde, Carlone entre au conseil municipale de Nice en 1849 et, devient même vice-syndic. Cependant, sous la pression du pouvoir sarde, l’Echo cesse de paraitre début aout 1850 pour renaitre sous le nom de l’Avenir de Nice le 19 aout de la même année, avec une ligne éditoriale encore plus radicale sur des positions pro-françaises.

En plus des accusations acérées sur le gouvernement sarde portées par la revue, Carlone prend une part active aux manifestations relatives à la suppression du port-franc. En 1851, sa conviction et son engagement en faveur de l’annexion le contraignent à se réfugier à Grasse. Mais sa prise de position va être couronnée de succès le 24 mars 1860, lorsque le traité de Turin signe la cession du Comté de Nice à la France. Son objectif atteint, Carlone considère que son action politique et éditoriale est terminée. Il peut maintenant se consacrer à ses passions (lire par ailleurs). Après le rattachement, les feuilles antifrançaises s’éteignent. L’Avenir sera rebaptisé Messager de Nice le 3 avril 1860.

Une vie après la politique

Dès lors Carlone se consacre entièrement a l’histoire et aux arts. Le 22 octobre 1861, avec plusieurs notables, il fonde la Société des lettres, des sciences et des arts, destinée à encourager l’érudition locale. Carlone n’abandonne pas totalement toute vie politique, il va garder un rôle plutôt représentatif, notamment en tant que consul de Suède et de Norvège. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur par décret du 13 septembre 1860 et chevalier de l’ordre de Vasa en récompense de ses services à la Suède.

Carlone meurt sans héritier le 11 mars 1873 après avoir institué la ville de Nice comme héritière universelle. Une clause spéciale ajoutée en 1868 à son testament précisait que certaines pièces ne devraient être livrées au public qu’après 100ans révolu. Donc en 1977, la bibliothèque a procédé à l’ouverture de six cartons concernés par cette clause. La bibliothèque patrimoine Romain Gary de Nice conserve lettres, autographes, journaux, manuscrits, notes et dessins concernant la région niçoise. Quant aux documents administratifs et comptables, ils sont déposés aux Archives départementales depuis mai 1989.

Source Archives de la faculté de Lettres, Art et Science humaines et Nice Historique