CRISE DU LOGEMENT, PROFESSIONNALISATION DU SECTEUR, COLERE DES RIVERAINS…

Le cancer Airbnb

La colère ne cesse de monter contre l’essor de la plate-forme, dont les répercussions sur la cherté du logement sont corroborées par de nombreuses études. Avec des chiffres inédits sur 50 villes phagocytées par la location touristique, « Marianne » fait le point.

Leur colère vient du terrain. Ces dernières années, un nombre grandissant d’élus et d’associations ont alerté sur l’essor d’Airbnb, accusée d’accroître la pression immobilière à cause de l’attrait qu’elle suscite auprès des propriétaires en quête de rentabilité. À l’appui de leur vindicte, ils rapportent que les natifs de leur région ont toujours plus de mal à se loger et qu’ils doivent souvent s’éloigner des zones touristiques pour trouver un toit sans grever leur budget. « Une partie de notre population s’est retrouvée de fait expropriée de son lieu de naissance et de jeunesse », dénonce Jean-René Etchegaray, maire de Bayonne et président de la communauté d’agglomération Pays basque.

LE PRIX MOYEN A BONDI DE 40%

Face à une multitude de témoignages et de statistiques éparses, il reste difficile d’avoir une vue d’ensemble du sort de ces territoires. Pour tenter d’y voir plus clair, Marianne a réalisé une sélection de villes phagocytées par les meublés touristiques : à l’aide des données de l’entreprise AirDNA, qui analyse les offres publiées sur les plates-formes, nous avons regroupé 50 communes de taille variable – allant des 1 700 habitants de Gordes (Vaucluse) aux 79 000 résidents de La Rochelle (Charente-Maritime). Toutes ont un point commun : lors des trois premiers mois de 2023, elles ont fait, relativement à leur population, l’objet d’au moins autant d’annonces que Paris. La capitale a ainsi proposé 18 locations différentes pour 1 000 habitants, tandis que Narbonne (Aude), ville la moins touchée de notre échantillon, se situait juste au-dessus de ce nombre. À l’opposé du spectre, Gordes a offert pas moins de 198 meublés pour 1 000 habitants sur cette période.

Nous y avons ensuite retracé l’évolution des prix des logements de 2010 à 2021, grâce à la base de données DV3F du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema). Dans un but de comparaison, nous avons aussi calculé le tarif moyen de l’ensemble des communes de moins de 100 000 habitants : ce périmètre permet d’écarter les dynamiques spécifiques aux grandes métropoles, tout en s’approchant de la taille des villes de notre sélection.

Article du journal « Marianne » : https://www.marianne.net/societe/logement/crise-du-logement-professionnalisation-du-secteur-colere-des-riverains-le-cancer-airbnb